...ce qui conduit, vous l'avez compris, à une suspension de la pratique du style joué ou pire, de la batterie elle-même

Il existe pourtant des solutions préventives, procédant d'une compréhension de la biomécanique du geste prolongée de sa correction dans le rapport ergonomique à l'instrument.
Je vous ferai grâce d'une terminologie anatomique rébarbative tout autant que des implications correspondantes bien fastidieuses et qui dépasseraient mon propos ; je souhaite juste apporter ma contribution à celles et ceux qui ont besoin de conseils, somme toutes bien modestes... mais qui peuvent se révéler judicieux pour éviter certains désagréments.
J'ajoute que je n'appartiens pas au corps médical et qu'en conséquence, seul le jugement de l'ergothérapeute diplômé est à prendre en compte, en cas de besoin, d'interrogation.
...en revanche, la pratique des sports de combats (boxe américaine spécialement) des sports de force (powerlifting) et essentiellement de la batterie m'a incité à être extrêmement attentif à la dynamique du geste lié au contexte dans lequel il se réalise. J'aurais, il y a quelques années, évité bien des blessures (très légères fort heureusement) et tout autant, du tracas...
Préambule
Chacun possède une morphologie spécifique ; il faut donc veiller à prendre conscience de son corps tant dans sa globalité que sous ses diverses structures ; qui a des articulations fines, moyennes, puissantes, des segments longs, courts... possède potentiellement une fragilité ou une force qui le singularise ; il faut absolument en tenir compte et proportionner son faire (sa façon de jouer) et son avoir (la densité de l'instrument pour son nombre de fûts, ses cymbales vers les moyens de les atteindre tant en hauteur que sur un plan horizontal) à ses propres possibilités physiques.
Ainsi vaut-il mieux privilégier un kit plus sobre (sans qu'il soit minimaliste pour autant) et être parfaitement à l'aise pour en extraire toutes les nuances sans difficultés... bien qu'il existe des solutions mécaniques (les racks, entre autres) pour s'autoriser toutes les incongruités possibles (cela, sans ironie aucune à l'endroit de ceux qui jouent avec une double grosse caisse, trois toms basses, 12 cymbales et qui ne mesurent qu'un mètre soixante !).
Entrons donc dans le vif du sujet.
Le siège
Localisation de notre assise, référence de l'équilibre, la position sur le siège est fondamentale pour la tenue du jeu. Il doit retenir toute notre attention car il est à la base de la majorité des douleurs et lésions rencontrées.
En s'asseyant, les pieds sur la grosse caisse et le charleston, les mains le long du corps, il importe de ne pas se sentir plonger vers l'avant ou être tiré vers l'arrière ; en levant les avants bras pour jouer, il faut ressentir une attitude très naturelle, exempte de toute sensation de déséquilibre ; également, fûts et cymbales doivent être percutés sans difficulté ; étirer exagérément les bras ou jouer une caisse claire trop proche, par le principe de répétition, génèrera indubitablement des pré-lésions musculaires ou (et) tendineuses.
La caisse claire
A mon sens, la peau de frappe doit se situer au niveau du muscle pyramidal de l'abdomen http://www.doctissimo.fr/html/sante/atl ... rieure.htm bien évidemment, chacun effectuera les variations qui le satisfairont mais sans excès, tant au niveau de la hauteur (pour éviter les courbures du poignet) que de la profondeur (ce qui limite la courbure lombaire... car une caisse claire trop basse implique de se pencher en avant).
Les toms (aigus/médiums)
Ils doivent être à portée de baguettes et dans la mesure du possible, ne pas être disposés trop haut ; il faut se sentir à l'aise pour jouer : des fûts trop haut inciteront le corps à se déplacer vers l'avant, ce qui impliquera une tension lombaire conséquente... par cet éternel principe de répétition, des traumatismes s'accumulent avec toutes les conséquences qu'on imagine (lombalgies, etc...).
Le (s) tom (s) basse (s).
C'est ici qu'il convient de jouer la proximité et la quasi similarité des hauteurs de peaux de frappe ; ainsi est-il conseillé d'élever à cette même hauteur caisse claire et tom basse ; dans l'absolu, faire reposer une baguette à l'horizontale : il doit y avoir un très léger creux entre les deux fûts ; également, en fonction de sa propre taille, éviter d'additionner les toms basses, ou bien, les mettre sur pied...
Le charleston
Je propose de le régler de manière à ce qu'il permette au bras droit qui le joue (pour les droitiers) de préciser un angle droit relatif (j'ai bien dit "relatif", sans quoi, il sera périlleux de conserver sa fluidité).
Le pied doit toucher la semelle toujours naturellement : n'oublions pas qu'un écartement trop prononcé risque de rompre l'équilibre sur le siège et de traumatiser les muscles de l'aine ; un écartement trop faible génère les mêmes désagréments quant à l'équilibre ; de là, la tension des forces sous les orteils et la plante des pieds est plus forte et chaque vibration tendra à faire remonter les ondes de choc de chaque percussion (grosse caisse charleston) aux genoux.
La double caisse
Même chose que précédemment : conservons une attitude très naturelle et ayons à l'esprit qu'une absence de traumatisme actuelle ne signifie pas forcément une excellente santé future... les douleurs ne sont pas forcément immédiates et les tendinites et autres lésions se construisent parfois sournoisement, avec le temps...
Et donc : respecter un écartement un peu supérieur à la largeur des épaules ; en dessous, on assiste à une perte fréquente de l'équilibre, en dessus, des douleurs aux muscles des hanches et une sensation de tomber vers l'avant ; en outre, de mauvais positionnements ont tendance à se corriger en compensant l'équilibre des forces par la sollicitation de muscles annexes... ce système de contraintes maladroitement assouplies aboutiront à de nouvelles douleurs... à de nouveaux traumatismes...
...d'où mon radotage : écoutons notre corps, filmons-nous au besoin ou tout au moins, servons nous de glace pour constater nos postures... demeurons naturel et souple lorsque nous pratiquons, c'est es-sen-tiel !
Mais aussi...
...il est extrêmement important de boire : pour éliminer les toxines insinuées dans les insertions tendineuses...
...évitez de manger de la nourriture grasse : le corps n'en a pas besoin ; n'oublions pas que celui-ci est notre première "maison"... ne l'encombrons pas de déchets...
...il est extrêmement important de se reposer : pour prendre du recul avec sa pratique, apaiser ses tensions tendineuses, musculaires, mentales (car il s'agit souvent de concentration, pour nombre de musiciens qui s'exercent à travailler religieusement).
...dormez ! Car les processus de rétention d'acquisition des connaissances s'effectuent dans les phases du sommeil profond...
Et enfin...
...il est primordial de communiquer en cas de doute, de remettre en question sa façon de jouer, de demander à ses compagnons d'armes, en répétition, d'observer sa posture en condition musicale... c'est ici d'ailleurs qu'on est souvent surpris de ce qu'on nous rapporte.
Voilà, j'en ai fini... j'aurais beaucoup de choses à dire et spécialement à nos amis du métal (dont je pense le plus grand bien et qui ont tout mon respect) qui sur-sollicitent leur système articulaire... je complèterai certainement cette première approche de notre problématique prochainement.
Je suis bien conscient qu'il est, dans ce forum, des musiciens autrement plus expérimentés que moi en matière d'ergonomie et de biomécanique... ce petit travail n'a d'autre ambition que d'éclairer sommairement quiconque est intéressé par la question

Un lien utile : http://www.medecine-des-arts.com/
A votre service si vous avez des questions !
