Mouton-carnivore a écrit :Très rapidement, et sans vouloir me lancer dans la moindre polémique
(ça n'est pas le lieux, et c'est une discussion que j'ai eu suffisamment souvent pour ne pas ressentir le besoin d'en débattre à nouveau), je tiens tout de même à signaler qu'il est de bon ton de ne pas mettre dans le même panier toutes les appellations "psy":
- Psychothérapeute: Terme un peu fourre tout, rassemblant toutes sortes de théories plus ou moins sérieuses, le titre de psychothérapeute n'est encadré et reconnu comme titre protégé que depuis 2010 (avant ça n'importe quel clampin pouvait se dire "psychothérapeute"...). Ceci dit le titre continue de faire débat...
- Psychanalyste: Titre non règlementé. Dans les faits, n'importe qui peut donc se revendiquer "psychanalyste". Un psychanalyste sérieux se sera formé auprès d'une "association" et aura suivi une analyse.
La psychanalyse est un champ, parmi d'autre, de la psychothérapie, et n'est toujours pas reconnue comme discipline scientifique.
- Psychiatre: Titre protégé. Champ de la médecine qui traite (ou tend à traiter) les troubles mentaux. Le psychiatre est un médecin, et il est donc remboursé par la sécurité sociale. C'est aussi le seul à même de prescrire un traitement médicamenteux.
Rien n'empêche le psychiatre d'avoir recours aux méthodes psychanalytiques ou a une quelconque psychothérapie dans le cadre de sa pratique (c'est même courant en France).
- Psychologue: Titre protégé. Un psychologue a suivi une formation en psychologie. Un peu cours comme définition ?
Le problème, en réalité, c'est que, sous le terme "psychologie" sont rassemblées diverses pratiques qui peuvent être assez distantes les unes des autres.
- Psychologie clinique: l'image classique du "psy" dans la population, qui traite les troubles mentaux. Même parmi les cliniciens il existe différents courants, plus ou moins scientifiques. Je n'en dirai rien de plus, ça n'est pas mon domaine de prédilection, et c'est généralement en abordant ce domaine que l'on met le feu au poudre.
Pour l'anecdote, tout de même, lorsque j'étais étudiant (et élu, donc au courant du "dessous des cartes"), on a dû séparer les deux labos de psychologie clinique et les mettre dans deux villes différentes pour calmer les tensions. Chacun des labos faisaient, par ailleurs, ses propres cours et ses propres examens
(une de mes ex est tout de même parvenue a avoir une très bonne note à son l'un de ses examens en se bornant à baver sur le "camp adverses" sur deux pages, sans répondre à la moindre question...).
- Psychologie cognitive: Etude
scientifique des processus cognitifs. Champ né, en partie, du courant "cybernétique", en rapport étroit avec les neurosciences et l'intelligence artificielle. Lisez
"l'ordinateur et l'esprit", si vous en avez l'occasion, ou
"l'erreur de Descartes". Des bouquins accessibles, passionnants à mes yeux, et qui permettent de découvrir ce que peut, aussi, être la psychologie.
- Psychologie développementale: Etude scientifique de l'évolution cognitive de l'humain, de la naissance à la mort. L'exemple le plus connu à ce jour de psychologue développementaliste restant Piaget
(même si ça date un peu et que son modèle a, depuis, été affiné).
- Psychologie différentielle / Psychométrie: Etude scientifique des différences psychométriques entre les individus. C'est la discipline où les tests règnent en maitre, notamment les tests d'intelligence
(à propos desquels on lit, dans le grand public, un nombre d'idiotie absolument affligeant). Les tests types "Rorschach"
(non validé scientifiquement), ne font pas partie de cette discipline.
- Psychologie sociale: Etude scientifique des relations liant un individu, en tant que membre d'un groupe social, à un objet social donné. En gros, là où la sociologie étudie les rapports entre un groupe social et un objet social
(le suicide, l'engagement politique, l'éducation, etc.), la psychosociologie ajoute l'individu. Le champ d'étude reste donc parfois proche de celui de la sociologie
(rapport de dominations intergroupes, créativité de groupes, conflits intergroupes, etc.), mais a aussi ses spécificités
(soumission librement consentie, obéissance à l'autorité, représentations sociales, etc.).
La recherche la plus connue à ce jour, reste celle de Milgram sur la soumission à l'autorité, dans laquelle il amène un quidam a électrocuter son prochain... La recherche la plus spectaculaire restant la "prison expérimentale" de Zimbardo (
http://www.prisonexp.org/), même si ses conclusions n'ont pas de valeur scientifique
(l'expérience ayant dû être interrompue très précocement, pour des raisons de sécurité). Ceci dit, la plus grande partie de la psychologie sociale n'est pas aussi glamour que ces deux exemples "médiatiques", et se rapproche plutôt de la sociologie.
La psychologie sociale a, par ailleurs, donné naissance à la psychologie de la santé
(étude des facteurs psycho-sociaux ayant un impact sanitaire: prise de drogues, suicide, observance, impact de la maladie sur la sphère psycho-sociale, etc.), et à la psychologie du travail
(étude des facteurs psycho-sociaux ayant un impact sur le comportement au travail des salariés: absentéisme, intégration, analyse de compétences, risques psycho-sociaux, recrutement, etc.).
Bon, vu la longueur du pavé, vous l'aurez eut-être deviné, je suis psychologue social...
Pourquoi tout ce pavé ? Simplement pour souligner le fait que:
- La "psychologie" est, déjà, un terme qui renferme différentes pratiques et approches, et ne veut donc rien dire en soit (c'est bien pour celà que Dytar a précisé qu'il est psychologue "clinicien" et moi psychologue "social". On a un tronc commun de savoir dans les différents domaine de la psychologie, mais nous nous sommes spécialisés dans des domaines différents).
- Le terme "psy", a plus forte raison, renferme un fourre-tout de métiers plus ou moins encadrés légalement, et qui renvoient à des pratiques, elles aussi, diverses... Un flou artistique qui a profité à certains
(notamment aux psychothérapeute, lorsque le titre n'était pas reconnu, "psy" ça fait sérieux et ça laisse le doute), qui est rentré dans le langage courant et dont les gens se sont fait une représentation sociale
(pour le coup) assez précise.
Bref, par pitié, arrêtons de mettre tout les "psys" dans le même panier et sachons de quoi l'on parle avant de dire "j'aime pas les psys", c'est aussi absurde que de dire "je n'aime pas les techniciens", ou "je n'aime pas les ingénieurs"...
Voila, désolé pour le pavé, je laisse la parole à Dytar
(parce que, moi, je n'aime pas la psychanalyse et la majeure partie des psychothérapies).